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So far Away ...
8 février 2011

Flashback personnel sur une Tunisie que j'ai connue..

Sleep

Entre aujourd'hui et mon premier billet, il y a un monde.

Effectivement, beaucoup de choses ont changé dans mon pays d'origine: La Tunisie.                                                                          Nous avons vécu un grand chamboulement, c'est le moins que l'on puisse dire. En un mois, tout a changé. Pour le meilleur, je l'espère. J'ai donc décidé d'écrire et de me consacrer un peu plus sur ce qui se passe là-bas. Cependant, mon but est simple: extérioriser mes idées, mes pensées, ma colère et toutes ces émotions qui me sont personnelles. Je n'ai aucune prétention politique ou quelle qu'elle soit. Je laisse ça aux autres. Je ressens aujourd'hui un besoin de mettre par écrit tout ce qui se bouscule dans ma tête, juste pour me libérer d'un bouillonnement intérieur qui devient lourd à porter.

En l'espace d'un mois, tout a changé. Beaucoup d'émotions se sont exprimés depuis le 17 décembre 2010. A titre personnel, j'ai vécu un mois émotivement très dur. Tout simplement parce que trop de choses se sont passées en un laps de temps record.

Pour ceux qui me connaissent, entre la Tunisie et moi, c'est une histoire d'Amour-Haine depuis des années et des années. Quand j'étais gamine, je n'avais qu'un seul objectif: Vivre en Tunisie, devenir professeur de français et  enseigner en Tunisie. Rien d'autre ne m'intéressait. C'était mon seul et unique rêve. Je passais toutes mes vacances chez ma famille. A chaque séjour là-bas, j'étais comme dans un cocon, comme dans un rêve. Je m'y sentais tellement bien, que, lorsque je quittais le pays, c'était un déchirement. Quand je me souviens de cette époque, je ressens beaucoup de nostalgie d'ailleurs. Toute cette naiveté me manque parfois: La naiveté et cette capacité de ne voir que le bon en tout. 

En grandissant, bien evidemment, on découvre bien des choses. Notre vision s'affine. On se pose plus de questions. Le Début de mon adolescence fut le début de la fin de mon rêve. Je découvrais petit à petit la face cachée d'un pays que je continuais à aimer. Je commençais à découvrir une mentalité qui ne me correspondait pas. Je me rendais compte que nous n'étions pas libre de parler de tout. Les gens se contentaient de vivre leur vie sans trop se poser de questions sur la politique. Il ne fallait surtout pas faire ça! Petit à petit, j'ouvrais les yeux sur une réalité que je ne voyais pas auparavant: les sujets tabous, la peur, les "espions", la politique du "je vis ma vie et c'est tout".  Ce fut ma première déception. Ma naiveté m'avait aveuglé sur une réalité qui m'avait éclaté au visage telle une giffle venue de nulle part.

D'année en année, j'en découvrais un peu plus. Je me posais de plus en plus de questions sans pour autant y trouver des réponses. Juste des murs en bêton. Il ne fallait pas parler de ça. Il ne fallait pas s'intéresser à ça. Tout le monde vivait en faisant totalement abstraction de la réalité. Parfois, j'ai eu le sentiment d'être dans une bulle de verre et d'hurler à la mort pour que les gens autour de moi se réveiller et d'arrêter cette pièce de théâtre grotesque, en vain. Il fallait se taire. J'ai vécu des moments d'incompréhensions totales.

La vie en Tunisie est devenue pour moi un piece de théâtre absurde. Un monde de schyzophrénie totale. Je n'y comprenais plus rien. Je ne m'y reconnaissais plus. J'ai alors commencé à ressentir une colère, voire une haine envers toute cette société. Au-delà de la politique, il y a les relations humaines : faussées, hypocrites, malheureuses. Mes histoires personnelles ont aussi joué une grande part dans ma colère contre cette société. Mais une chose est sure : c'est la Politique du pays qui a créé une société schyzophrène et une mentalité hypocrite et égoiste. Encore une fois, je parle de mes expériences personnelles. N'y voyez aucune généralité.

Pendant un long moment dans ma vie, j'ai continué à lire et à écrire à ce sujet. Plus je lisais, plus j'en étais malade de ne pas comprendre. Plus je veillissais, plus j'étais déçue. Est alors venue le moment où la coupure a eu lieu. Je ne pouvais plus rien entendre sur la Tunisie, je ne voulais plus entendre quoi que ce soit. Cela faisait naître une colère, une peine énorme. Une chose est claire: Nous avons été tous complice de cette mascarade : certains ont profité du système, certains ont accepté sans rien y gagner, d'autres se sont tu par peur .. Et puis il y a ceux qui se sont battus. Moi, j'avais tout simplement baissé les bras, bouffée par ma colère.

Aujourd'hui, après 23 ans d'une pièce de théâtre horriblement cruel, nous avons réussi l'impensable. Nous avons réussi à briser cette bulle de verre et hurler une colère infinie d'une seule et même voix. C'est énorme! C'est quelque chose qu'on osait même pas imaginer, même si tout le monde l'espèrait. C'est alors que je pense à toutes ces personnes qui se sont battues pour vivre ce moment : à ceux qui ne sont plus là pour vivre le fruit de leur combat, à ceux qui ont été torturé, à ceux qui ont tout perdu ..

A mon humble niveau, je me souviens de cette époque où j'essayais de comprendre ce qui se passait. Cette époque où je n'ai trouvé que des murs autour de moi. Une époque où on m'a clairement fait comprendre où il valait mieux se taire et vivre.

Ils avaient torts..

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